Cette année, la campagne de sensibilisation «MARS BLEU» pour le Dépistage Organisé du Cancer Colo-Rectal (DOCCR), aura lieu du 3 au 24 mars.
EN GUADELOUPE, l’AGWADEC (Association Guadeloupéenne pour le Dépistage des Cancers) propose depuis mai 2008, le DOCCR, selon des modalités identiques à celles appliquées sur l’ensemble du territoire français (campagne tous les 2 ans, visant la «population cible» des assurés sociaux âgés de 50 à 74 ans inclus, et utilisant un test de recherche de saignement occulte dans les selles, actuellement Hémoccult 2®).
Devant des taux de participation notablement insuffisants (inférieur à 30%), l’AGWADEC a obtenu de l’Institut National du Cancer (INCa), une dérogation pour expérimenter une nouvelle modalité de distribution des tests en relance R2.
En effet, le taux de participation était de 40.1% en 2009 (défiant toutes les prévisions), avant de chuter à 20.2% en 2010, remonter à 28.8% en 2011 et stagner à 27.7% en 2012.
Une des explications avancées est la difficulté qu’aurait une proportion importante de la population à en comprendre le mode d’emploi.
Le DOCCR est organisé selon le Cahier des Charges des Dépistages Organisés (publié au JO du 21 12 06) qui prévoit que la structure de gestion (l’AGWADEC pour nous) envoie un premier courrier (dit «lettre d’invitation»), suivi à 3 mois d’une relance (dite «relance R1»).
Ces deux courriers préconisent à leur destinataire de s’adresser à leur médecin traitant pour se faire remettre gratuitement le test, après que ce dernier a vérifié que le patient entre dans les critères du DOCCR (ni cause d’exclusion, ni facteurs de risque personnels ou familiaux de cancer colo-rectal ni symptomatologie imposant la coloscopie d’emblée).
En l’absence de réponse signalant une cause d’exclusion et si aucun test n’est enregistré par le Centre de Lecture des Hémoccult (CLH), une deuxième relance (dite «relance postale ou relance R2») est expédiée à 6 mois, au domicile de l’assuré, accompagnée du test.
Ce protocole est appelé à se renouveler chaque deux ans, de 50 à 74 ans inclus, si les tests successivement réalisés restent négatifs.
L’envoi de 11 courriers en moyenne, est nécessaire pour obtenir la participation d’un individu (13 pour un homme et 7 pour une femme).
En 2009 et 2010, un peu plus de 40% des tests réalisés avaient été pratiqués consécutivement à la lettre d’invitation, 20% à la relance R1 et un peu moins de 40% à la relance R2, confirmant son importance. Le déséquilibre en faveur de la relance R2 augmente avec les années et dépasse les 46 % de tests lus en 2012.
Au final, seuls 5000 à 6000 tests sont effectués sur les 32-35 000 envoyés chaque année, et cette relance R2, (avec envoi postal du test) grève lourdement le budget de fonctionnement de l’AGWADEC (> 90 000 euros pour la seule année 2012).
Dans le cadre d’un appel à projet validé par l’INCa en juillet 2012, l’AGWADEC a donc obtenu l’autorisation de modifier les modalités d’envoi de la relance R2, et de proposer :
– soit le retour à l’AGWADEC (dans une enveloppe T pré-affranchie jointe) d’un coupon-réponse demandant l’envoi du test au domicile. Cette modalité ne diffère pas du protocole actuel mais cible les assurés motivés et sensibilisés.
– soit la délivrance gratuite du test, dans les pharmacies volontaires, sur présentation de la relance R2 et contre remise du bon qui l’accompagne.
Cette alternative découle des observations suivantes :
• Sous médicalisation du département, notamment en terme de médecins généralistes.
• Surcharge de travail des médecins encore accrue lors des différents épisodes d’épidémie (dengue, grippe, gastro-entérites…) traversées chaque année.
• Tradition locale de recours au pharmacien comme source privilégiée d’information dans le domaine de la santé.
• Large représentation des officines sur l’ensemble du territoire départemental (COM comprises).
• Implication croissante des pharmaciens dans le domaine de la Santé Publique.
• Accessibilité du pharmacien généralement ressentie comme «plus grande» que celle du médecin.
• Se rendre en pharmacie est vécu comme moins «dramatique ou anxiogène» que chez le médecin.
Il n’est pas exclu que la «gratuité de la visite» chez le pharmacien sera un atout supplémentaire face à l’éventuelle dépense générée par la consultation médicale.
A partir du 1er mars 2013, l’AGWADEC met donc à disposition des pharmacies intéressées et sur la base du VOLONTARIAT, un stock renouvelable de tests de recherche de saignement occulte dans les selles (actuellement Hémoccult 2®), à remettre GRATUITEMENT et SANS questionnaire de santé (pour respecter le secret médical et éviter tout problème de responsabilité médico-légale), aux assurés uniquement sur présentation de la lettre «R2» et contre remise du bon qui l’accompagne dorénavant.
L’AGWADEC mise sur le fait que le pharmacien sera à même de délivrer une information de qualité sur le cancer colorectal et son dépistage, et de renforcer les explications fournies quant au mode d’emploi du test, ce qui contribuera à diminuer le nombre de tests non analysables non refaits (actuellement 8%).
Grâce à l’engagement de tous les professionnels de santé, l’AGWADEC espère accroître la participation départementale de plus de 10%, et franchir de nouveau en 2013-2014 le seuil des 40% enregistré en 2009.
Article écrit par le Dr Catherine Bachellier-Billot, médecin coordonnateur à l’AGWADEC.