BVS toxicovigilance Antilles-Guyane.

poissonUn BVS (bulletin de veille sanitaire) 2016-01_toxicovigilanceV2 très intéressant vient de paraitre avec notamment des articles:
– page 5 sur les intoxications par préparation médicinale traditionnelle à base de « liane amère » ou « liane serpent »  (Tinospora crispa)
liane amere– page 16 sur une autre préparation médicinale, le « chiniy-trefl », obtenu à partir de « chenilles à trèfle » qui se nourrissent du « trèfle à chenille » (Aristolochia trilobata)
gdgd

– page 7 sur les envenimation avec poisson lionpoissonfff, avec un protocole de prise en charge
protocole poisson lion

 

Bilan de l’épidémie zika en Polynésie.

 Dans le dernier BEH (n° 20-21 – 5 juillet 2016) est paru le Bilan de l’épidémie à virus Zika survenue en Polynésie française entre octobre 2013 et mars 2014. De la description de l’épidémie aux connaissances acquises après l’évènement, à lire en détail, mais dont on retiendra notamment:
Durant les six mois d’épidémie, il a été estimé qu’un total de 32 000 cas suspects avait consulté (11,5% de la population).
Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés pour les 297 cas confirmés et investigués étaient : éruption maculo-papuleuse (93%), asthénie (78%), fièvre ressentie (72%), arthralgies (65%), hyperhémie conjonctivale (63%). La durée moyenne de l’épisode aigu était de six jours.
42 cas de syndromes de Guillain-Barré ont été décrits, pour lesquels le lien de causalité a été prouvé a posteriori.
Une augmentation du nombre de cas de malformations neurologiques congénitales issues de grossesses survenues lors de l’épidémie a été décrite par la suite et une association entre les 8 cas de microcéphalie et l’infection à ZIKV a été montrée 

Diagnostic biologique Zika à la nomenclature.

L’arrêté du 30/03/2016 paru au JO, modifie la nomenclature concernant le diagnostic biologique de l’infection par le virus Zika pris en charge dorénavant dans les situations cliniques suivantes :
– symptomatologie évocatrice chez un patient revenant d’une zone de transmission du virus Zika ;
– symptomatologie évocatrice chez un patient se trouvant dans une zone de transmission du virus Zika pendant une période d’activité du vecteur (en phase épidémique, les indications du diagnostic biologique sont limitées notamment aux formes neurologiques graves, aux femmes enceintes et aux nouveau-nés).

Entre J0 et J7, RT-PCR sang et/ou les urines.
Entre J7 et J10, RT-PCR peut être réalisée dans les urines uniquement.
Une seule cotation  par patient.
A partir de J5, le test sérologique peut être réalisé.

Les renseignements cliniques et chronologiques (date de début des signes cliniques ; date du prélèvement), indispensables à l’interprétation des résultats, doivent être obligatoirement consignés dans la fiche de renseignement clinique prévue à cet effet.

5263 Détection de l’ARN du virus Zika par RT-PCR sur prélèvement sanguin jusqu’à J7 après le début des signes cliniques =B 180.

5264 Détection de l’ARN du virus Zika par RT-PCR sur prélèvement urinaire jusqu’à J10 après le début des signes cliniques = B 180.

5265 Détection de l’ARN des virus de la Dengue, du Chikungunya et Zika par RT-PCR sur prélèvement sanguin jusqu’à J7 après le début des signes cliniques =B 320.

Pour info: précédemment dengue + chik + zika sérum + zika urinaire était coté B250, maintenant zika sérum + zika urinaire = B360

Source : JO079-030416

Zika: la Guadeloupe passe en épidémie.

dddLe point épidémiologique au 28/04/2016: Zika aux Antilles-Guyane annonce le passage en phase épidémique Zika pour la Guadeloupe.
La confirmation biologique devrait donc bientôt n’être réservée (comme en Martinique) qu’aux femmes enceintes et aux patients avec des formes graves ou des complications (vus à l’hôpital).
Plus que jamais le définition clinique de cas a donc toute sa valeur, et une synthèse de la description clinique de tous les cas confirmés de Guyane, Martinique et Guadeloupe (à partir des fiches de renseignement remplies) est annoncée dans le BVS du mois de juin.

Zika: 3 écho complémentaires prises en charge.

La CGSS diffuse ses mesures concernant les echo supplémentaires dérogatoires zika prises en charge aux 18, 26 et 36èmes semaines de grossesse.
On retiendra que la CGSS à cette fois (comparé au Chikungunya) été plus réactive mais qu’elle est toujours aussi peu « visionnaire » en limitant la mesure au 30/06/2016…
On notera que cela s’applique uniquement aux assurées de la CGSS… rien sur les autres caisses (RAM, LMDE…)
On comprend que c’est à l’assurée de fournir l’attestation mais il n’est pas préciser si la CGSS prévoit de l’envoyer aux femmes ayant déclaré leur grossesse… ou s’il va falloir la demander…
PEC zika
Dans tous les cas: à suivre dans la mise en place autant du coté des patientes que des échographistes!

PCR zika dans le sang et es urines.

A lire l’article Evaluation des technologies de santé : Détection par RT-PCR du virus Zika dans le sang et les urines sur le site de la HAS, dont on retiendra:
– « un avis favorable à l’inscription à la NABM de cet acte »
dans le cadre d’une « suspicion d’une infection par le virus Zika chez un patient symptomatique… ET se trouvant en zone de transmission du virus Zika ou de retour de zone de transmission (dans une limite de deux semaines suivant ce retour) »
– « pour le prélèvement sanguin jusqu’à sept jours entre le moment de survenue des symptômes et la réalisation du prélèvement ; dans les urines jusqu’à dix jours entre le moment de survenue des symptômes et le recueil des urines »
– « technique de RT-PCR capable de détecter les deux lignages du virus Zika (africain et asiatique) » 
– « en cas de risque de co-circulation des virus de la dengue et du chikungunya, recherche de Zika associée à la recherche de ces deux virus par un laboratoire en capacité de rechercher aussi ces deux virus ».

« La HAS souligne… réserves portent aussi sur l’absence de calibration standardisée et donc de seuil de détection homogène entre les laboratoires… un résultat négatif de RT-PCR doit être interprété avec précaution« .

1er diagnostic de Zika

Comme pour mon premier diagnostic de chik… je vais vous faire partagé mon 1er diagnostic de Zika:
Patient caucasien (c’est toujours plus facile une éruption sur peau blanche…) la quarantaine, sans antécédents particuliers, vient pour prurit +++ et éruption maculo-papuleuse dos et torse depuis la veille.
zika
A l’examen l’éruption concerne principalement le tronc (dos et torse) et la racine des membres, elle est prurigineuse+++ (le patient ne peut se retenir de se gratter).
Sa température est de 37.5 (sans antipyrétiques) , il ne présente ni myalgies, ni arthralgie, ni asthénie, l’examen est par ailleurs sans particularité, à l’exception d’un subictère et d’une hyperhémie conjonctivale (sans prurit oculaire, ni secrétions) qui sont habituels chez lui, par ailleurs nous sommes en plein épisode de brumes de sable…
Je retiens donc le diagnostic de « cas suspect » de Zika, j’en avertit l’ARS, et lui prescrit dans le contexte de « début d’épidémie » PCR Zika sur sang et urines (+PCR chik et dengue pour prise en charge et remboursement sécu…petite subtilité administrative…), qui sont prélevés le jour même (J2 de la maladie).
Je ne prescrit ni le repos, ni le paracétamol recommandés… puisque ni asthénie, ni douleurs, ni fièvre… mais un anti-histaminique pour le prurit intense! et lui dit que cela devrait durer environ 5 jours avant de rentrer dans l’ordre…
Le patient sera revu à distance, les anti-histaminiques on été modérément efficace, l’éruption a en effet duré 5 jours, puis tout est rentré dans l’ordre.
Le résultat du labo (sang et urines) parvenu plus de 15 jours après… est… négatif!? Cependant quand on interroge sur la fiabilité de la technique Pasteur répond « fiable mais virémies parfois tellement faibles qu’indétectables ».
Le médecin clinicien que je suis… retiendra le diagnostic de cas probable de Zika au vu de la clinique et de l’évolution, et s’il n’est pas comptabilisé par les épidémiologistes dans les statistiques des cas confirmés ce n’est pas bien grave, l’essentiel étant que le patient soit guéri 🙂