Messagerie professionnelle sécurisée.

En mai 2011, le Dr Julien DUFRENNE a soutenu à la Faculté de Médecine Antilles-Guyane, sa thèse dont voici le résumé, et le lien vers le texte intégral.

these dufrenne

On note la collaboration du Dr C.Bronner, dont on connait le site et la lettre d’information mensuelle UGe Zapping.

Cette thèse rappelle
• les avantages et enjeux de l’utilisation de la Messagerie Sécurisée de Santé (MSS) par les médecins:
– le gain d’environ 3 heures/semaines, consacrées aux tâches administratives (secrétariat, archivage, recopiage…)
– la facilitation des échanges (formulaires, courriers, comptes rendus, résultats…), entre les acteurs de santé: généralistes/spécialistes/ville/hôpital/ laboratoires d’analyse/Assurance Maladie…
le développement de l’e-médecine, et de l’e-prescription,
– enfin si on y arrive un jour, mais à quel coût… le DMP.

l’état des lieux de « départ »
– en 2007, 20% des généralistes libéraux n’étaient pas de connecté à Internet au cabinet.
– en 2008, les généralistes étaient 20% seulement à utiliser une messagerie sécurisée (Apicrypt® pour 74% d’entre eux), et 29% échangeaient sur Internet via une messagerie NON sécurisée.
– en 2011, 24% seulement des généralistes étaient abonnés à Apicrypt (seule solution de MSS à faire consensus)

La modification des habitudes des médecins concernant les nouvelles techniques d’information et de communication (NTIC) est un processus long et complexe, qui s’accélère avec:
• du cote conventionnel
informatisation du cabinet rendue casi obligatoire (dossier médical, base de médicament, télétransmission, ROSP…)
télétransmission d’au moins 75% des feuilles maladies, qui conditionne aussi la ROSP…
– la dématerialisation de plus en plus de formulaires échangés avec l’assurance maladie, via EspacePro: protocoles ALD, déclaration médecin traitant, AT…

• du coté de l’Ordre:
– mise en place du numéro RPPS et de la CPS 3ème génération, véritable «carte d’identité électronique du professionnel de santé» utilisée pour la signature des messages cryptés
– création d’un annuaire unique, pour l’ensemble des professionnels de santé sur le site www.mssante.fr, mis en œuvre par le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), les Ordres professionnels de santé et l’ASIP Santé.mssanteVous pouvez créer des adresses électroniques professionnelles stables (pour une utilisation durable) et sécurisées: ______@medecin.mssante.fr, puis échanger avec vos confrères (que vous pouvez inviter à vous rejoindre) et l’ensemble des professionnels de santé à partir de l’annuaire national certifié. Ce service est gratuit.

DPC 2015: a nouveau 4 journées indemnisées/an.

En octobre dernier, le conseil de gestion de l’Organisme de gestion du développement professionnel continu (OGDPC), décidait que « Seule la première inscription réalisée (hors formations de formateur et maîtrise de stage) sera prise en charge à partir du 17 octobre 2014 ».
Suite à un nouveau conseil de gestion le 18 mars, on revient, à partir du 1er avril 2015, aux dispositions antérieures, soit 4 journées /an indemnisées: communiqué à l’appui…

A savoir sur le fonctionnement des « structures de santé ».

Médecine libérale : nouvel arrêt, nouveau danger, un article intéressant publié sur contrepoints.org… ou comment un arrêté du 27 février réglemente les «structure de santé».
On y apprend par exemple que :
«À aucun moment ce texte officiel ne contient le vilain mot de « médecins » alors qu’ils sont les principaux concernés…
Cet arrêté encadre l’association de plusieurs professionnels de santé en maison médicale et soumet de manière très officielle, cette « structure de santé » aux caisses d’assurance maladie et aux ARS…chargés de surveiller les « structures de santé » et de leur permettre une « rémunération valorisant de nouveaux services aux patients »une forme de ROSP
Voici à quoi devront s’engager les médecins, et ceux qui voudront aller travailler avec eux en « structure de santé » :
Ouvrir de 8h à 20h en semaine et le samedi matin.
« S’organiser » (sic) pour recevoir des patients ayant besoin de soins non programmés.
Se concerter entre médecins sur les cas complexes.
Si l’État n’obligeait pas les médecins à se concerter, ils n’en auraient jamais eu l’idée. Auparavant, à leur initiative, ils se réunissaient pour évoquer les cas complexes et appelaient cela « réunion de pairs », mais ça, c’était avant.
Se concerter avec la Sécurité Sociale.
Plus exactement transmettre au service médical de la Sécurité Sociale les données récoltées … le secret médical … n’a pas semblé être une priorité…
Élaborer un dossier médical électronique pour mieux le partager entre services concernés….
Avoir un système informatique compatible avec des professionnels qui souhaitent avoir connaissance du dossier du patient.
Le système sera imposé mais pris en charge financièrement (au moins en partie) par la CPAM. C’est pas cher c’est la sécu qui paye… Qui va stocker les données, où seront-elles stockées, à qui seront-elles accessibles ?

Et en échange ?
une rémunération « qui dépend de l’atteinte des résultats pour l’ensemble des engagements », donc qui récompensera ceux qui font tout ce qu’on leur demande. Elle sera versée après « vérification » de la CPAM et de l’ARS qui vérifiera « la cohérence du projet », pourra considérer qu’il n’est pas adéquat et « (…) être amenée à proposer à la structure des modifications du projet de santé au regard du contenu des engagements remplis dans le cadre du contrat, notamment ceux relatifs aux missions de santé publique répondant à des spécificités territoriales. »
Quelle rémunération ?
 en points … attribués en fonction de la compliance du médecin… mode de calcul est tellement complexe qu’il sera quasiment impossible de vérifier l’exactitude du montant versé.
Et la déontologie ?
… rémunération sera versée non pas au médecin à titre individuel, mais à la structure. Ce qui suppose de mettre en commun les honoraires. Or le partage d’honoraires est interdit ! Et plus encore, il est interdit de pratiquer le compérage, c’est-à-dire qu’il est interdit de tirer un bénéfice en envoyant un patient préférentiellement chez un professionnel exerçant dans la même structure…avec les mêmes intérêts financiers. Ce qui est plutôt contestable d’un point de vue déontologique.
Qu’à cela ne tienne ! L’État va interférer dans la déontologie médicale et lever cette interdiction !
Les professionnels de santé devront créer leur structure sous l’appellation SISA : Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (sorte de SCM). Ce statut permet officiellement d’autoriser le versement de la rémunération de la CPAM à une structure composée de différents professionnels qui peuvent alors se partager la rémunération, ce qui était jusqu’alors interdit. Ce statut casse donc les règles du code de la santé publique.

Les médecins pourraient donc être suspectés d’avoir un intérêt financier lorsqu’ils adressent leur patient à un professionnel de la même structure de soins : le médecin généraliste vous prescrit des soins infirmiers ou de kiné au même étage, et vous passez récupérer vos médicaments à la pharmacie du rez-de-chaussée. Évidemment, pour le patient, cela peut être confortable ; pour l’ensemble des professionnels de santé, cela entache leur réputation d’indépendance et d’objectivité ; mais surtout, comment le patient peut-il être assuré que les décisions sont prises en fonction de son seul intérêt ? Pourquoi ne pourrait-il pas choisir lui-même le kiné ou l’infirmière ou le spécialiste chez qui il souhaite aller ? Comment sera-t-il certain que le médecin choisit le meilleur pour son patient et non pas le meilleur pour lui ?

L’État intervient ici non seulement au niveau législatif, mais aussi dans la déontologie médicale. Il n’encadre plus, il emprisonne. Cet arrêté, sous les dehors habituels de « meilleur accès aux soins », signe la fin de la liberté du médecin, mais aussi celle du patient, qui ne doit pas oublier que les mutuelles sont prêtes à se saisir de ce marché

Grippe 2015… encore des incohérences!

Copie -coller de l’article de la lettre d’information du SNJMG du 30/01/15 à propos de la grippe et qui résume très bien la situation:
Toujours dans la catégorie «gags officiels », la Direction Générale de la Santé (DGS) vient de s’illustrer avec un message urgent à destinations des médecins à l’occasion du début de l’épidémie de grippe. Dans ce message, la DGS préconise l’utilisation précoce de Tamiflu° sans donner la moindre référence scientifique pour étayer son propos… Mais il n’y a pas que la DGS à faire du n’importe quoi ! Dans un article du Monde hier, Isabelle Bonmarin, chargée de la surveillance de la grippe à l’Institut national de veille sanitaire (InVS), invite la population à vite se faire vacciner alors que l’épidémie a déjà commencé, que le délai d’immunisation suite au vaccin est de deux semaines et que le vaccin 2014-2015 ne prend en compte le type AH3N2 présent dans 62% des cas de grippes en France
On se croirait un peu revenu en 2009 en plein festival d’incongruités sur la grippe H1N1… à moins qu’on n’en soit jamais sortis…
Pour en savoir plus : Dossier du Formindep sur le Tamiflu°

Alerte rougeole en zone Amérique.

Alerte de la Pan American Health Organization (PAHO)  à la rougeole.
Les États-Unis connaissent en effet une épidémie qui s’est propagé à plusieurs états ainsi qu’au Canada et au Mexique.

rougeole
Pour mémoire en 2000 les USA déclaraient l’extinction de la rougeole…
Mais en 2014 ils recensaient 644 cas, dans 27 Etats, dont 59% (383 cas) au sein de communautés Amish non-vaccinées de l’Ohio.
Et entre le 1er et le 30 janvier 2015, 102 personnes de 14 états ont déjà été diagnostiqués positifs, dont 92 % liés à une patiente ayant visité le Disneyland californien à la fin 2014.
On sait le virus est extrêmement contagieux, et le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) estime que 90 % des non immunisées qui rentrent en contact avec une personne malade peuvent être infectées.

Rappel des mesures préventives vaccinales recommandées:
– enfants entre 6 à 11 mois: une dose de vaccin monovalent dans les 72 heures suivant le contact présumé (dans ce cas, l’enfant recevra par la suite deux doses de vaccin trivalent suivant les recommandations du calendrier vaccinal : 1ère dose à l’âge de 12 mois, 2e dose entre 16 et 18 mois)
 – enfant de + 12 mois et nés depuis 1980 : mise à jour conformément au calendrier vaccinal pour atteindre deux doses de vaccin trivalent
– professionnels de santé ou personnels en charge de la petite enfance, sans antécédent de rougeole ou n’ayant pas reçu deux doses de vaccin trivalent, quelle que soit leur date de naissance : une dose de vaccin trivalent.
La vaccination contre la rougeole et la rubéole est contre-indiquée pendant la grossesse, et toute grossesse doit être évitée dans le mois suivant la vaccination.
Aujourd’hui encore, malgré la généralisation du vaccin depuis 1963, dans le monde, environ 20 millions de personnes attrapent la rougeole tous les ans, et 146 000 en meurent.

Tiers-payant: oui… mais pas obligatoire!

tiers payantLire « J’aurais pu faire grève du 23 au 31 décembre. » un article du blog du docteurdu16 dans lequel je me retrouve…
Moi aussi… »je suis contre le Tiers Payant Intégral Généralisé pour des raisons pratiques… je n’accepterais le Tiers Payant Intégral Généralisé que s’il existait un payeur unique, l’Assurance Maladie par exemple
…le Tiers Payant Intégral facilite l’accès aux soins d’une certaine partie de la population. Ce qui n’est pas rien.
… il est toujours bon de connaître le coût d’un service ou d’un achat. Mais la situation actuelle fait que ce sont déjà les patients qui coûtent le plus cher à l’Assurance Maladie (ALD par exemple) … ne sont pas au courant des dépenses que leur maladie engendre… les prescripteurs… rarement au courant des coûts qu’ils génèrent
… le coût des soins est déjà invisible : les citoyens et  patients qui disposent d’une « bonne » mutuelle … ne paient déjà rien, soit sont remboursés intégralement et l’avance des frais est pour eux indolore
… la banalisation gratuite des actes inutiles et discutables existe déjà en raison de cette « gratuité » à l’intérieur des établissements de soins, qu’ils soient publics ou privés…
… rendrait le médecin dépendant de son payeur, à savoir l’Assurance Maladie, quasiment un salarié, et sans les avantages du salariat« … à moins que ce ne soit la suite à venir?