Partage

Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

Vous consultez actuellement : Maladies Infectieuses

Bulletin des réseaux de surveillance des IST

Les réseaux de cliniciens (RésIST) et de laboratoires (Rénago, Rénachla, lymphogranulomatoses vénériennes : LGV) permettent de suivre l’évolution des indicateurs des IST bactériennes.

En 2014, les données du bulletin-des-reseaux-de-surveillance-des-IST montrent:

syphilis
– le nombre de syphilis récentes  augmente chez les hétéro-sexuels, mais surtout chez les hommes homo-bisexuels (plus de 84 % des cas)

gono– le nombre d’infections à gonocoques continue d’augmenter chez les hommes homo-bisexuels, tandis qu‘il semble se stabiliser chez les hétérosexuels.
Aucune résistance à la ceftriaxone, traitement de 1ère intention, n’a été détectée depuis 2011

– le nombre d’infections urogénitales à chlamydia  parait stable chez l’homme comme chez la femme
le nombre de LGV rectales et de rectites à Chlamydia non L est en augmentation en 2014. La quasi-totalité des cas concerne des hommes homo-bisexuels

– le niveau de co-infections par le VIH reste très élevé chez les patients présentant une rectite à Chlamydia (LGV ou rectite non L), une syphilis ou une gonococcie, reflétant une utilisation insuffisante du préservatif chez les hommes homo-bisexuels séropositifs

AU TOTAL :
Chez les hommes homo-bisexuels, le nombre de syphilis récentes, d’infections à gonocoques et de LGV continue à augmenter en 2014 en lien avec une progression des comportements sexuels à risque dans cette population.

Chez les hétérosexuels, le nombre de récentes augmente depuis 2012 tandis que le nombre d’infection à Chlamydia semble se stabiliser. L’utilisation du préservatif reste insuffisante, en particulier lors des fellations qui sont un mode de contamination très efficace pour une syphilis ou une gonococcie.

Bilan de l’épidémie zika en Polynésie.

 Dans le dernier BEH (n° 20-21 – 5 juillet 2016) est paru le Bilan de l’épidémie à virus Zika survenue en Polynésie française entre octobre 2013 et mars 2014. De la description de l’épidémie aux connaissances acquises après l’évènement, à lire en détail, mais dont on retiendra notamment:
Durant les six mois d’épidémie, il a été estimé qu’un total de 32 000 cas suspects avait consulté (11,5% de la population).
Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés pour les 297 cas confirmés et investigués étaient : éruption maculo-papuleuse (93%), asthénie (78%), fièvre ressentie (72%), arthralgies (65%), hyperhémie conjonctivale (63%). La durée moyenne de l’épisode aigu était de six jours.
42 cas de syndromes de Guillain-Barré ont été décrits, pour lesquels le lien de causalité a été prouvé a posteriori.
Une augmentation du nombre de cas de malformations neurologiques congénitales issues de grossesses survenues lors de l’épidémie a été décrite par la suite et une association entre les 8 cas de microcéphalie et l’infection à ZIKV a été montrée 

Zika: la Guadeloupe passe en épidémie.

dddLe point épidémiologique au 28/04/2016: Zika aux Antilles-Guyane annonce le passage en phase épidémique Zika pour la Guadeloupe.
La confirmation biologique devrait donc bientôt n’être réservée (comme en Martinique) qu’aux femmes enceintes et aux patients avec des formes graves ou des complications (vus à l’hôpital).
Plus que jamais le définition clinique de cas a donc toute sa valeur, et une synthèse de la description clinique de tous les cas confirmés de Guyane, Martinique et Guadeloupe (à partir des fiches de renseignement remplies) est annoncée dans le BVS du mois de juin.

Zika: 3 écho complémentaires prises en charge.

La CGSS diffuse ses mesures concernant les echo supplémentaires dérogatoires zika prises en charge aux 18, 26 et 36èmes semaines de grossesse.
On retiendra que la CGSS à cette fois (comparé au Chikungunya) été plus réactive mais qu’elle est toujours aussi peu « visionnaire » en limitant la mesure au 30/06/2016…
On notera que cela s’applique uniquement aux assurées de la CGSS… rien sur les autres caisses (RAM, LMDE…)
On comprend que c’est à l’assurée de fournir l’attestation mais il n’est pas préciser si la CGSS prévoit de l’envoyer aux femmes ayant déclaré leur grossesse… ou s’il va falloir la demander…
PEC zika
Dans tous les cas: à suivre dans la mise en place autant du coté des patientes que des échographistes!

PCR zika dans le sang et es urines.

A lire l’article Evaluation des technologies de santé : Détection par RT-PCR du virus Zika dans le sang et les urines sur le site de la HAS, dont on retiendra:
– « un avis favorable à l’inscription à la NABM de cet acte »
dans le cadre d’une « suspicion d’une infection par le virus Zika chez un patient symptomatique… ET se trouvant en zone de transmission du virus Zika ou de retour de zone de transmission (dans une limite de deux semaines suivant ce retour) »
– « pour le prélèvement sanguin jusqu’à sept jours entre le moment de survenue des symptômes et la réalisation du prélèvement ; dans les urines jusqu’à dix jours entre le moment de survenue des symptômes et le recueil des urines »
– « technique de RT-PCR capable de détecter les deux lignages du virus Zika (africain et asiatique) » 
– « en cas de risque de co-circulation des virus de la dengue et du chikungunya, recherche de Zika associée à la recherche de ces deux virus par un laboratoire en capacité de rechercher aussi ces deux virus ».

« La HAS souligne… réserves portent aussi sur l’absence de calibration standardisée et donc de seuil de détection homogène entre les laboratoires… un résultat négatif de RT-PCR doit être interprété avec précaution« .

1er diagnostic de Zika

Comme pour mon premier diagnostic de chik… je vais vous faire partagé mon 1er diagnostic de Zika:
Patient caucasien (c’est toujours plus facile une éruption sur peau blanche…) la quarantaine, sans antécédents particuliers, vient pour prurit +++ et éruption maculo-papuleuse dos et torse depuis la veille.
zika
A l’examen l’éruption concerne principalement le tronc (dos et torse) et la racine des membres, elle est prurigineuse+++ (le patient ne peut se retenir de se gratter).
Sa température est de 37.5 (sans antipyrétiques) , il ne présente ni myalgies, ni arthralgie, ni asthénie, l’examen est par ailleurs sans particularité, à l’exception d’un subictère et d’une hyperhémie conjonctivale (sans prurit oculaire, ni secrétions) qui sont habituels chez lui, par ailleurs nous sommes en plein épisode de brumes de sable…
Je retiens donc le diagnostic de « cas suspect » de Zika, j’en avertit l’ARS, et lui prescrit dans le contexte de « début d’épidémie » PCR Zika sur sang et urines (+PCR chik et dengue pour prise en charge et remboursement sécu…petite subtilité administrative…), qui sont prélevés le jour même (J2 de la maladie).
Je ne prescrit ni le repos, ni le paracétamol recommandés… puisque ni asthénie, ni douleurs, ni fièvre… mais un anti-histaminique pour le prurit intense! et lui dit que cela devrait durer environ 5 jours avant de rentrer dans l’ordre…
Le patient sera revu à distance, les anti-histaminiques on été modérément efficace, l’éruption a en effet duré 5 jours, puis tout est rentré dans l’ordre.
Le résultat du labo (sang et urines) parvenu plus de 15 jours après… est… négatif!? Cependant quand on interroge sur la fiabilité de la technique Pasteur répond « fiable mais virémies parfois tellement faibles qu’indétectables ».
Le médecin clinicien que je suis… retiendra le diagnostic de cas probable de Zika au vu de la clinique et de l’évolution, et s’il n’est pas comptabilisé par les épidémiologistes dans les statistiques des cas confirmés ce n’est pas bien grave, l’essentiel étant que le patient soit guéri 🙂