Ce n’est pas l’évolution redoutée (pic de 20 000 cas/semaine) mais ne nous plaignons pas :-)…
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Suites de la pétition anti-pesticides.
Les associations porteuses de l’alerte nationale des médecins de France métropolitaine et des Antilles sur les pesticides se félicitent de leur ténacité dans leur combat pour la défense de l’Environnement et de la Santé Publique.
Le juge des référés du Conseil d’Etat a en effet ordonné le 6 mai 2014, la suspension de l’exécution de l’arrêté interministériel du 23 décembre 2013 qui « encadrait les dérogations aux interdictions d’épandage aérien », et qui prolongeait ainsi les autorisations d’épandage aérien.
http://www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/epandage_aerien.html
Pour autant la question de l’utilisation des pesticides en général n’est cependant pas résolue… Souhaitons que les ministères tiennent comptent des éléments du dossier remis aux ministères de l’agriculture et de la santé le 30 avril 2014.
Pour rappel, vous pouvez trouver sur le site alerte-medecins-pesticides:
– la pétition en ligne depuis septembre 2013, et qui a été signée par près de 1352 médecin à la date du 09/05/14
– des infos utiles, sous l’onglet « s’informer », notamment le dossier « Pesticides et santé », construit pour une bonne part à partir du rapport de l’Inserm de juin 2013.
Carte issue du rapport du Commissariat général au développement durable (avril 2013): en rouge, les zones où l’eau atteint des concentration en pesticides > 0,5 µg par litre d’eau, rendant celle-ci impropre à la consommation.
Compte rendu de l’EPU Chikungunya.
L’EPU du 20/03/2014, organisée par l’ARS, c’est divisée en 3 parties:
1ERE PARTIE: MEDICALE, présentée par le Pr HOEN du service de maladies infectieuses du CHU, avec:
a) Rappel des 3 phases de la maladie (forme typique non compliquée) et de la prévalence des signes cliniques
• phase aigue, fébrile, qui dure environ 5 jours, avec des arthralgies (signe constant) +/- associé à des oedèmes +/- un rash morbiliforme.
• phase de convalescence: apyrétique, avec une asthénie, des arthralgies persistantes +/- une éruption papulo-maculause +/- prurit notamment des paumes et palmes.
• phase chronique (30 à 60% des cas), avec des arthrites récidivantes, et comme facteurs de risque identifiés: un age > 45 ans, des arthrites intenses à la phase aigue, des ATCD rhumato.
b) Le diagnostic est avant tout clinique, et dès que vous aurez vu une dizaine de cas vous les reconnaitrez à leur démarche (de la gêne à la marche, type boiterie, jusqu’au besoin d’être soutenu par les accompagnants pour se déplacer).
Le diagnostic biologique est à réserver aux formes atypiques ou doute diagnostic (notamment avec dengue, leptospirose, primoinfection VIH…polyarthrites…)
Par ailleurs la biologie montre en général une lymphopénie (inférieure à 1000, en moyenne 850), une absence de thrombopénie, et une CRP aux environs de 50.
Le score clinico-biologique ci-dessous a été proposé (il n’est cependant pas encore validé).
Les critères d’hospitalisation ne sont pas spécifiques (imposibilité au maintien à domicile, déshydratation, AEG, forme grave… décompensation d’une co-mobidité, complication iatrogène, nourrisson fébrile <3 mois, syndrome hyper-algique non gérable à domicile notamment pour les enfants…) sauf dans le cas de la femme enceinte proche du terme.
En effet s’il y a une situation à risque c’est la transmission du virus à l’enfant au cours de l’accouchement (50% des cas, avec 50% de formes graves parmi lesquelles 50% gardent des séquelles notamment neurologiques).
En 2ème intention antalgiques de palier 2 voire 3 (en respectant les AMM: tramadol >3 ans, et codeine >12 ans). AINS et aspirine sont contre-indiqués.
• en post-aigu: antalgiques de palier 1, 2, voire 3.
AINS en 2ème intention en cures courtes, voire corticoides.
.
– une 1ère période de avril à décembre 2005, avec entre 100 et 350 cas/semaine
– une 2ème période «explosive», avec passage en 1 mois de 400 à 10 000 cas/semaine, puis 15 jours apres le pic de 47 000 cas/semaine !!! et ensuite une décroissance sur 6 mois.
A la Réunion, on estime que l’épidémie 2005-2006, a touché 33% de la population, soit 266 000 personnes, avec 250 cas graves, 44 cas de transmission materno-néonatale et un « excès » de 250 décès sur la période.
L’ARS estime que les 340 médecins généralistes en activité de Guadeloupe, atteindront leurs « limites d’absorption » du phénomène vers 1000 cas/semaine.
L’ARS réfléchi donc à l’organisation de dispositifs faisant appel par exemple aux:
– professionnels de santé de la réserve sanitaire, gérée par l’EPRUS (Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires) qui existe depuis 2007, suite justement à la crise sanitaire provoquée par l’épidémie à la Réunion.
– infirmiers de ville, en utilisant les moyens de télémédecine et e-prescription (en cours de discussion avec l’Ordre)
– médecins salariés (PMI, scolaires, travail…)
Actualités cancers et dépistages en Guadeloupe.
Compilation et résumé de l’intervention du Dr Catherine BACHELLIER-BILLIOT de l’AGWADEC, et de la présentation des chiffres du registre des cancers (Dr DELOUMEAUX), qui ont eu lieu le 27/03/2014 aux 3èmes JAC (Journées Antillaises de Cancérolgies), concernant:
Source: Registre des cancers de Guadeloupe.
• le cancer de la prostate:
Le dépistage ne fait toujours pas partie des recommandations…
Une étude sur les habitudes de prescription du dosage des PSA en dépistage opportuniste va être lancée par l’AGAWDEC.
En attendant le Pr. BLANCHET fait remarqué qu’un dépistage « organisé » n’atteindrait pas nécessairement un taux supérieur de la population.
Pour rappel, la Guadeloupe est «championne du monde» avec 600/cas/an, avec une moyenne d’age de 68 ans, avec le double de formes métastatiques et de mortalité par rapport à l’Hexagone.
• le cancer du sein (entre 50 et 74 ans):
Le dépistage organisé (DO), entre 50 et 74 ans, c’est:
– 121 000 mammographies réalisées depuis 2004, sur une population cible d’environ 60 000 femmes ( invitées tous les 2 ans ) .
– 7% de mammographies suspectes (ACR3, 4 ou 5)
– 135 cancers diagnostiqués depuis octobre 2004 (dont 7 à 9% à la seconde lecture)
Pour rappel, on dénombre chez nous, environ 200 cancers du sein/an, dont 34% sont déja étendus (N+ ou M+), avec une moyenne d’age de 56 ans, et particularité locale 29% dans la fourchette 40-49 ans, et 52 % dans la fourchette du DOCS (63 % dans l’Hexagone).
NB1: ADRESSE UTILE pour imprimer en ligne une invitation pour la mammo: https://ssl.voozanoo.net/outre_mer_depistages/>
• le cancer colo-rectal
Le dépistage organisé (DOCCR) s’adresse aux assurés sociaux entre 50 et 74 ans, c’est-à-dire 115 000 assurés invités tous les 2 ans;
– 92 500 tests HEMOCCULTS réalisés depuis mai 2008, soit un taux de participation de 33% pour 2012-2013 atteignant 39.7 % pour 2013
– 1.7% de tests positifs (taux comparable à la métropole , un peu inférieur)
– 80 cancers diagnostiqués, et 120 patients « débarrassés » de polypes à risque.
– A venir les tests auto-immuns avec l’avantage d’un seul prélèvement (à la place des 6 actuels), mais les inconvénients d’une thermostabilité moindre, et d’un délai de lecture inférieur.
Pour rappel, en Guadeloupe on diagnostique 165 nouveaux cas/an, dont 38% à des stades déjà métastatiques.
NB2: Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, par frottis classique ou recherche HPV (à définir en fonction des financements des tutelles) est prévu dans le cadre du 3ème plan cancer. Il devrait se mettre en place dès que les textes d’application seront parus et notre département devra se prononcer sur la place à laisser à l’auto-prélèvement …
Article relu et corigé par le Dr Catherine BACHELLIER-BILLOT, médecin coordonnateur à l’AGWADEC.
Clinique: Chikungunya versus Dengue.
On retiendra aussi concernant:
– l’éruption:
• dans le Chikungunya: précoce, de type maculo-papuleuse, prurigineuse (comme une allergie), notamment au niveau des paumes et plantes.
• dans la Dengue: en général vers J5 (avec la chute de la fièvre), de type rash diffus (comme un coup de soleil), qui sur peau claire garde l’empreinte des doigts quelques secondes après la fin de la pression.
– les arthralgies du Chikungunya, intéressent les extrémités, avec des signes +/- inflammatoires (œdèmes, rougeur).
Guadeloupe, février 2014: 3 épidémies en cours.
3 épidémies virales, sont actuellement en cours en Guadeloupe:
• DENGUE (DEN4), depuis mai 2013, en phase de décroissance.
Pour plus d’informations, le point épidémiologique Dengue, du 14 février 2014
• CHIKUNGUNYA, depuis fin décembre 2013, avec 476 cas probables ou confirmés, et une estimation de 1460 cas cliniquement évocateurs, principalement répartis à Baie-Mahault, puis Petit-Bourg, et Goyave.
Pour plus d’informations, le point épidémiologique Chikungunya, du 27 février 2014, dont est issu le diagramme ci-dessus.
• GRIPPE (AH3 et AH1N1), depuis fin janvier 2014.
Pour plus d’informations, le point épidémiologique Grippe, du 14 février 2014, dont est issu le diagramme ci-dessus.
Point sur la SYPHILIS.
RAPPELS ÉPIDÉMIOLOGIQUES:
Depuis 2000, la syphilis ne fait plus partie des maladies à déclaration obligatoire, alors que paradoxalement on note une recrudescence en France depuis cette date.
En Guadeloupe, nous avons eu une épidémie en 2001 avec 38 cas sur l’année (contre 20 cas entre 1993 et 2000) chez des personnes en grande précarité.
L’étude REGLIST de ORSAG en 2010, en Guadeloupe, estimait la prévalence à 2.3%.
En Martinique, on retrouve également une épidémie entre 2004 et 2008 (55 cas) touchant le même type de population avec un 1er pic en 2005 (11 cas) et un second en 2007/2008 (35 cas).
CLINIQUE:
La syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST) contagieuse, due au tréponème pâle.
A juste titre appelée « la grande simulatrice » elle provoque des symptômes:
– non spécifiques
– qui évoluent spontanément vers la guérison
– peuvent passer inaperçus, notamment la lésion initial (chancre) chez la femme, ou au niveau de la sphère ORL
– peuvent être confondus (éruptions virales…)
NOTE BENE : Nous n’aborderons pas ici la question de la syphilis congénitale
DEPISTAGE et DIAGNOSTIC SEROLOGIQUES,utilisent l’association de tests sérologiques:
– non spécifique: la recherche d’antigène non tréponémique avec le VDRL (Venereal Disease Research Laboratory)
– spécifiques: la recherche d’antigène tréponémique avec le TPHA (Treponema pallidum Haemagglutination Assay) et le FTA (Fluorescent Treponemal Assay, qui nécessite un microscope à fluorescence) particulièrement utile au tout début du chancre.
En France, la stratégie de dépistage associe TPHA + VDRL (coté B20 = 6.2 euros). En cas de réaction positive ou dissociée, un titrage doit être pratiqué (B30 = 9.3 euros).
INTERPRETATION:
Si ce n’est toujours pas clair… et on peut comprendre… 🙂 je suis la 1ère à sortir mon organigramme… Référez vous aux cas cliniques de cet article du département de médecine générale de Paris7.
DEFINITION DE CAS EPIDEMIOLOGIQUES (basée sur la clinique et la biologie)
– Syphilis primaire :
• une ou plusieurs ulcérations de type syphilitique (chancre)
• et soit mise en évidence de Treponema pallidum dans des prélèvements (par un examen au microscope à fond noir, par immunofluorescence directe ou méthodes équivalentes) → cas certain.
soit test sérologique positif (VDRL, TPHA ou FTA) → cas probable.
– Syphilis secondaire:
• lésions cutanéo-muqueuses localisées ou diffuses souvent associées à des adénopathies. Le chancre peut être présent.
• et soit mise en évidence de Treponema pallidum dans des prélèvements (par un examen au microscope à fond noir, par immunofluorescence directe ou méthodes équivalentes) → cas certain.
soit VDRL positif associé à un FTA ou TPHA positif → cas probable.
– Syphilis latente :
• absence de signes cliniques
• et soit un VDRL positif et un FTA ou TPHA positifs , sans antécédents connus de syphilis,
soit un antécédent de syphilis traitée, associée à VDRL avec un titre ≥ 4 fois le précédent.
Le stade est définie comme précoce si on retrouve au moins un des critères suivants dans les 12 derniers mois :
− séroconversion documentée ou augmentation ≥ 4 du VDRL
− signes cliniques compatibles avec une syphilis primaire ou secondaire
− partenaire sexuel avec une syphilis primaire ou secondaire probable ou certaine ou une syphilis latente précoce probable
− sérologies positives tréponémiques et non tréponémiques chez une personne dont la seule exposition sexuelle possible a eu lieu dans les 12 derniers mois.
TRAITEMENT: traitement syphilis (mise à jour 10/02/2014)
et il semble que la BENZATHINE BENZYLPENICILLINE 2.4 MUI (anciennement EXTENCILLINE) fasse son retour dans les officines à partir d’avril 2016… à vérifier…
SURVEILLANCE
Sérologique à 3, 6, 12, et 24 mois de la diminution significative du VDRL, critère de guérison: VDRL divisé par 4 à 3 mois et négativé à 1 an si syphilis précoce, à 2 ans si syphilis tardive.
Pensez au dépistage des autres IST: VIH à 6 semaines, AgHBs, Ac-antiVHC, PCR Chlamydiae…
Sources:
– Diagnostic sérologique de la syphilis INVS 2004
– Article du département de médecine générale de Paris7 sur Sérologie de la syphilis, quand traiter?
– traitement syphilis (mise à jour 10/02/2014): Alternatives pour le traitement des syphilis non neurologiques dans un contexte de rupture de stock de benzathine pénicilline +/- doxycycline. Communiqué commun de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF), de la Société Française de Dermatologie (SFD), du Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales (CMIT) et de la Société Française de Lutte contre le SIDA (SFLS).
Alerte CHIKUNGUNYA en Caraïbe.
Le Chikungunya est arrivé en région Caraïbes-Amériques…
En effet le premier foyer autochtone de Chikungunya a été confirmé début décembre à Saint Martin, suivi quelques jours après des premiers cas confirmés en Martinique (19/12), puis en Guadeloupe (24/12).
Une analyse de la situation épidémiologique est fait régulièrement sur le site de l’INVS avec en lien le point épidémiologique.
Le moustique vecteur est I’Aedes Aegypti, déjà connu comme vecteur de la dengue… largement présent dans la région ce qui laisse à penser que l’expansion de la maladie est tout à fait possible, d’autant que la population est naïve vis-à-vis du virus.
A ce stade (circulation virale autochtone modérée), la détection des cas reste primordiale si l’on veut espérer limiter le phénomène, et traiter les éventuels foyers (cas groupés).
L’ARS encourage donc les médecins à:
– signaler sans délai tout cas cliniquement évocateur, afin que les mesures de lutte contre le moustique soit mises en œuvre dans l’environnement des cas.
– confirmer biologiquement les cas suspects en prescrivant les examens biologiques Dengue et Chikungunya.
Un cas cliniquement évocateur est défini par :
– une fièvre > 38,5°C d’apparition brutale
– ET des douleurs articulaires des extrémités des membres (mains, poignets, pieds, chevilles) au premier plan du tableau clinique
– ET l’absence d’autre orientation étiologique.
Pour davantage d’informations sur la maladie: le site du ministère de la santé.
Point épidémiologique du 11 décembre
Point épidémiologique du 19 décembre