EPIDEMIOLOGIE:
Ces dernières années, en Guadeloupe, ont été signalés en moyen 3 cas/an de ciguatéra (intoxication à la ciguatoxine).
Le communiqué de presse de la préfecture de Guadeloupe du 05/12/2012 fait état de 57 cas confirmés depuis début 2012.
PHYSIO-PATHOLOGIE:
La ciguatoxine est produite par une micro-algue (Gambierdiscus toxicus) présente dans les récifs coralliens qui s’accumule au fil de la chaîne alimentaire chez les poissons de récif et leurs prédateurs.
Le risque d’intoxication dépend principalement de 3 facteurs:
– Le poisson: les espèces à risque sont listées par l’arrêté préfectoral N° 2002-1249, interdites à la consommation, et à fortiori à la vente!!!
– Le poids et la taille: plus un poisson est grand (en taille et en age), plus il a accumulé de toxine.
– Le lieu de pêche: plus de risque dans les îles du Nord (Antigue, Barbude, Saint-Martin…)
CLINIQUE:
Dans la majorité des cas, les signes apparaissent entre 2 et 24h après le repas.
La clinique est extrèmement polymorphe:
– en gravité: formes asymptomatiques, bénignes, ou graves (déshydratation, choc), voire fatales (<1% des cas, par choc ou paralysie respiratoire), fonction de la quantité de toxine ingérée, et de la dose antérieure cumulée.
– en durée: formes aiguës (type gastro-entérite) à chroniques (ex: prurit ou dysesthésies sur plusieurs mois), avec des récurrences décrites lors de nouvelle consommation de poisson.
– en symptomatologie: formes digestives (douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées…), neuro-musculaires (asthénie, faiblesse des membres, paresthésies autour de la bouche et aux extrémités, dysesthésies au froid, prurit -d’ou le surnom local de « grattelle »- arthralgies, myalgies, crampes, ataxie, vertiges, hallucinations… et dans les formes sévères des convulsions et des paralysies respiratoires), cardio-vasculaires (lipothymie, hypotension, bradycardie, choc…)
La prise en charge est essentiellement symptomatique, fonction des signes et de leur gravité.
EN PRATIQUE:
Y penser en cas de troubles (notamment digestifs +/- tendance lipothymique, prurit, paresthésies) suite à une consommation de poisson.
Signaler dès le 1er cas au 05 90 410 200, et dès 2 cas remplir une fiche de signalement TIAC (Toxi-Infection Alimentaire Collective). Si possible, conserver les restes du repas au congélateur et les faire analyser.
PREVENTION:
Les pêcheurs (professionnels ou amateurs), doivent savoir reconnaître les espèces vénéneuses, ou susceptibles de l’être compte tenu de leur taille et les écarter de la consommation et à fortiori de la vente.
Les consommateurs doivent être vigilants quant à l’origine du poisson.
Bien vider les poissons. Ne pas manger les viscères, la tête, ou les œufs.
Ne pas se fier aux méthodes de détection populaires (fourmis, chats, cuillère en argent…).
Sources: wikipédia, thèse C.Bonnat, 1995, Les toxines marines : problèmes de santé en émergence, 2003, Marie-Ludivine Chateau-Degat, BASAG aout 2008, La ciguatera dans les Antilles Francaises 2008, InVS, Bulletin de Veille Sanitaire Antilles-Guyane, 03-2013